épisode 27
-On va la laisser là le temps de descendre et d’effacer les traces de tes conneries. J’aurai également quelques questions à te poser.
Ses lèvres s’ouvrirent sur un sourire rien moins qu’amical qui réussit à dévoiler ses longs crocs acérés.
- Nous allons devenir des frères. Tu ne pourras plus te passer de moi !
D’une poigne telle que les os de son bras se brisèrent, Marcel le hissa sur ses pieds. Viktor retint le cri qui montait de sa gorge. Il ne ferait pas plaisir à ce vieux fou en implorant grâce au premier sévice ! D’un air faussement inquiet Marcel lui frotta le bras, déclenchant de nouvelles ondes de souffrance qui lui firent grincer des dents.
-Je t’ai fait mal ? Ce n’est qu’un aperçu de ce qui t’attends !
Ses os ne mettraient pas longtemps à se ressouder mais il ne pouvait s’empêcher de penser à une de ces anciennes punitions qui consistait à casser les os de tout le corps des vampires condamnés, de les laisser se ressouder puis de recommencer. Cela autant de fois que la justice l’avait décidé. Cela pouvait durer une éternité, les souffrances étaient infinies, car si les fractures se consolidaient cela ne réduisait en rien les douleurs du supplicié. Viktor revoyait ces images des condamnés pendus à des chaînes et du bourreau qui les frappait avec une barre de fer ou d’argent selon la gravité des actes reprochés. Ces pratiques moyenâgeuses n’avait plus cours...Du moins le croyait-il jusqu’à aujourd’hui !
La main se referma à nouveau sur son bras. La douleur se faisait déjà moins forte et il suivit docilement Marcel qui se dirigea vers la porte après un dernier regard vers la belle endormie.
L’heure qui suivit les trouva occupés à ranger, nettoyer les tâches de sang et redonner à l’appartement de Philomène l’apparence de la normalité. Marcel retira les draps du lit non sans jeter un nouveau regard furieux au pauvre malheureux qu’il avait chargé de passer la serpillère sur le sol.
-Mais comment as-tu pu en arriver là ? Tu es un scientifique, tu n’es pas connu pour tes prouesses sur les demoiselles et tu t’es jeté sur elle au risque de la tuer ! Où sont tes grands principes ? Où sont tes idéaux ? Ton combat corps et âme pour la cité ?
Aux prises avec ce mécanisme humain de lavage des sols auquel il ne comprenait rien, Viktor se garda bien de répondre. Lui-même ne cessait de se poser les mêmes questions sans trouver aucune réponse. Il était trop tard de toute façon pour revenir sur un fait établi ! Il sentait au plus profond de son être la force de vie de Philomène qui battait au rythme de ses propres pulsations. Son être fusionnait avec les molécules absorbées lors de la fusion créant des synapses inconnues. Son cerveau se déployait, un réseau se tissait entre elle et lui qu’il sentait se renforcer au fil des heures. Quoi qu’il fasse il ne parviendrait pas à se dénouer de ces ancrages. Seule la mort de l’un d’entre eux libérerait l’autre de ces liens ou l’entrainerait avec lui.