On retrouve Viktor (6)

Publié le par Domi

 

Il allait être apparemment plus difficile que prévu d’étudier tranquillement le sujet nommé Philomène. Il allait devoir prendre en compte sa propension certaine à se retrouver dans des situations dangereuses ! Le métro, ce moyen de transport  bruyant, nauséabond, archaïque et pourtant si exotique était le premier des dangers auxquels tout être vivant de cette cité était confronté. La surpopulation du lieu, les risques de transmission microbienne, les agressions physiques, tout cela l’avait frappé lors de ses premiers trajets. Mais ce qui l’avait le plus incommodé et en même temps enivré, était ce maelstrom d’odeurs. Il avait senti son appétit primaire se réveiller. Lui, l’érudit, le délicat, l’amateur de nectars rares, se trouvait subitement aux prises avec des sensations oubliées ! Il avait senti ses canines se déployer, son nez aspirer de longues bouffées en vue d’isoler la proie idéale, un grondement sourd montait de ses en trailles, un feulement qui révélait le prédateur qu’il était !

Il avait baissé la tête, oubliant que les lentilles qui lui recouvraient les yeux allaient cacher aux primates présents autour de lui, ses prunelles rougies par l’appel du sang.  Il pouvait remercier son aura de camouflage de lui avoir évité d’être démasqué et il avait sauté sur l’occasion qui s’était présenté de rattraper ces deux jeunes mâles qui avaient agressé Philomène pour laisser éclater une partie de cette rage qui le dévorait. La course était une folie, nul humain ne pouvait se déplacer aussi vite, mais la femelle était sonnée et semblait n’avoir rien remarqué. Quand aux deux idiots, il leur avait foutu la peur de leur vie en lâchant sur eux un cri inhumain et en les jetant à terre avec force ! A l’heure qu’il est, il ne serait pas étonné qu’ils courent encore pour lui échapper !

La journée avait pourtant été riche d’enseignement. Il avait découvert au travers des récits de son ami Golfan que les humains (comme ils aimaient s’appeler) avait construit des bâtiments qui renfermaient une grande partie des connaissances acquises par leur race au fil des siècles. Golfan ne s’était jamais attaché à l’étude de ces lieux, préférant, et de loin, noter les modifications survenues dans les aptitudes physiques, l’habitat, les transports et, bien sûr, les armes ! Il négligeait la notion de savoir humain, persuadé qu’ils ne pourraient jamais rivaliser avec les vampires sur ce domaine.

Viktor avait donc passé des heures exquises en feuilletant de nombreux documents (quel archaïsme que cet usage encore si répandu du papier !). Il avait oublié un temps sa mission et n’avait repris ses esprits que lorsque son cobaye s’était fait agresser. Il ne pouvait pas se permettre d’être à nouveau distrait par sa passion de l’étude des sous cultures, aussi intéressantes soit elles ! Son peuple avait besoin de lui et c’est avec la sensation exacerbée de l’importance de l’enjeu qu’il était entré dans l’immeuble et avait rejoint son logement sans un regard vers Philomène. Il était plus que temps qu’il fasse son rapport journalier et qu’il se défasse de son aura.

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