l'Inconnu (2)

Publié le par Domi

 

Il percevait son odeur à travers la porte et son estomac se rebella, le manque de nourriture se faisait sentir. Ce n’était pas très professionnel de commencer son nouveau job dans de telles conditions mais son arrivée mouvementée pour cause de pétage de plomb à grande échelle de son prédécesseur expliquait en partie ce manque de préparation. Il était pourtant connu pour être un être froid et réfléchi, sans doute trop aux dires de ses dernières compagnes,  ce qui lui valait sûrement son affectation sur cette mission de la plus haute importance. S’il avait eu plus de temps il se serait familiarisé avec les lieux au lieu d’être obligé d’improviser de la sorte !


La femelle qui ouvrit était un très beau spécimen de la race, on pouvait faire confiance à Golfan pour sélectionner un sujet d’études, elle était vêtue d'un simple petit carré d'étoffe. Une bouffée de nostalgie le submergea, il revoyait les troupeaux et les femelles, des tissus autour des reins, les petits dans les bras et les mamelles pleines de lait, les prairies de son enfance, l'insouciance des jours heureux !  Revenant à la réalité il pensa que côté habillement rien ne semblait avoir changé et que Golfan s'était permis bien des élucubrations quand à l'évolution de l'espèce. Que lui réservaient encore les récits de son ami sur les mœurs et les coutumes des mammifères ?

La femelle semblait confuse en le découvrant devant sa porte et il du se concentrer sur les sons qu'elle émettait avant de comprendre qu'elle attendait une amie (encore un concept à étudier lors de l'élaboration des nouveaux élevages). Il se concentra sur son aura, passa un coup de langue sur ses canines pour en vérifier la longueur et, heureux de constater que tout était sous contrôle, décida de se lancer et d'appliquer ce que son ami avait mis tant de temps à lui apprendre : les salutations et les présentations.


                -Bonjour, je suis votre nouveau voisin Viktor. Il lui tendit la main et pensa bien à crisper les muscles des joues pour produire ce que Golfan appelait : un sourire.


Elle ne semblait pas vouloir lâcher ce bout de tissu humide qu'elle serrait dans ses mains (une autre de leurs drôles de coutumes que ce farceur de Golfan s'était fait un plaisir de lui laisser découvrir ? Devait-il s'en emparer ? Le serrer avec elle ?). Il en était là de ses réflexions quand elle frémit et lâcha le linge en question. Elle sourit à son tour et s'excusant, s'empressa de prendre sa main et de la lui secouer frénétiquement. Il nota que son teint, qui jusque là était très clair, se colorait subitement au point de devenir presque rouge. (Avait-elle de la fièvre ? Souffrait-elle d'une affection cachée qui mettrait en péril le projet ?) Brusquement le mouvement cessa, elle lâcha sa main et resta sans parler devant lui, une sorte de grimace crispée sur la face. Qu'attendait-elle de lui ? 


Ce fou de Golfan lui manquait plus qu'il ne saurait le dire ! C'était lui le spécialiste, l'humanologue, lui qui aurait dû se trouver à sa place à ce moment même !

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